Enrique Morente

Récital d'anthologie

Pour ses noces d'or, le cantaor de Grenade Enrique Morente a offert un beau cadeau au Festival de la Unión avec un récital d'anthologie, avant de recevoir le jour suivant la distinction suprême qu'est le Castillete de Oro.

Enrique Morente était entouré d'une équipe exceptionnelle, celle que nous n'avions pas eu la chance de voir à ses côtés lors de son concert à Bobigny en avril dernier en raison du blocage de l'espace aérien dû au nuage de cendres provoqué par le volcan islandais. Et cela a tout changé.

Dans le répertoire classico-moderne choisi par Enrique Morente, il y en avait pour tous les goûts, avec toutefois une dominante peu orthodoxe. Une façon pour Morente de prendre sa revanche ? dans les années 60 le cantaor avait en effet été disqualifié du concours de cante pour des raisons que l'on ignore, mais on peut penser sans trop s'éloigner de la vérité que c'était à cause de son avant-gardisme.

Morente débute comme à son habitude le récital par une ronda de Tonás issues du disque "Morente sueña la Alhambra" où il évoque Nelson Mandela - très bonne intervention d'Enrique Morente hijo - , puis se lance dans une splendide Caña, ce palo tombé en désuétude que peu de cantaores se risquent à interpréter aujourd'hui. La version de Morente a un tempo particulièrement rapide. Après des Alegrias pour le moins investies, le grenadin entame des Tientos excentriques à faire pâlir ses plus grands interprètes. Suivent Malagueña de Chacón et Cantes Abandolaos puis un hybride de Fandango et Solea por Buleria. Le Siguiriya, très singulière, ne laisse aucun spectateur indifférent. Mais Morente ne pouvait pas faire l'impasse sur les cantes mineros. Après des Bulerias le cantaor se lance dans une superbe Levantica suivie d'un Taranto teinté de "Pequeño reloj". Dans le remate por Tangos, il choisit la letra de Soleá de Cádiz d'Aurelio Sellés "Que toquen a rebato" qui se fondit parfaitement sur le compás binaire. Enrique Morente reviendra pour des ultimes Cantes Abandolaos.

On n'avait jamais vu la Catedral del Cante avec une telle densité de spectateurs, ce qui laisse présager du concert de Paco de Lucia. Ce récital original fut largement ovationné par le public. Enrique Morente Junior réalisa de bonnes interventions. Quant à Rafael Riqueni sa présence si rare avait encore plus de valeur.


Flamenco Culture, le 06/08/2010

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Equipe artistique

Cante: Enrique Morente
Toque: Rafael Riqueni, David Cerreduela
Choeurs et palmas: Ángel Gabarre, Antonio Carbonell, Enrique Morente hijo
Percussions: Bandolero


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