La dernière fois que j'ai croisé David Fauquemberg, c'était au concert de Manuel Agujetas. Ce pourrait bien être lui, le Manuel El Negro de son roman.

David Fauquemberg, romancier normand renommé auteur de "Nullarbor" et de "Mal tiempo", est aussi de ces aficionados capables de veiller toute la nuit pour un moment de duende. Ce fut le cas au Festival Flamenco de Nîmes, deux années de suite, ou encore à Jerez de la Frontera où il a aussi tissé de solides amitiés.

Mais qui aurait imaginé en le cotoyant au sein des juergas que son oeil aussi affûté que celui d'un photographe scannait chaque détail ? Son récit est précis, documenté, rien ou presque ne lui a échappé dans sa quête de l'essence du flamenco qu'il raconte au fil des pages. Le roman est donc très instructif, tant pour les novices que pour les initiés qui seraient passés à côté de ce que cet oeil neuf nous fait partager. Le travail d'investigation, remarquable, se reflète dans la qualité et le niveau de détail des informations collectées. Le récit est ponctué de letras bien choisies, mais toutes traduites en français, si bien que les initiés devront réaliser le travail inverse pour les reconnaître.

L'auteur a su aussi trouver les mots justes pour décrire le flamenco et l'infinie palette d'émotions qui le caractérise.

Un livre qui se déguste comme un bon vin de Jerez, lentement, délicatement, et qui fait voyager dans l'âme et l'histoire du flamenco. Il retrace entre autres, au gré de la narration qui se déroule au coeur de familles gitanes, l'histoire du cante de Jerez, de Manuel Torre à Terremoto en passant par Tio borrico et bien d'autres. Assurément le livre de la rentrée, de quoi ravir les aficionados.