C'est dans une salle très clairsemée que Vicente Soto a donné son récital à la Sala Compañia le 28 février en 3ème partie de soirée. Il faut dire que cet espace plutôt froid - dans tous les sens du terme - n'est pas très propice à l'écoute du cante. Ce concert était l'occasion pour l'artiste, fils du grand cantaor Manuel Soto "Sordera de Jerez", de présenter son nouveau travail discographique, "Colores distintos".
Le récital fut à la hauteur des espérances, du moins du début. Comme à son habitude, le cantaor a démarré par des cantes de fragua - Tona de Chacon, martinete et Debla - interprétés por derecho, avant d'enchaîner par des cantes de la famille des cantiñas - alegrias, cantiñas, romeras et mirabras - , accompagné par la guitare de Manuel Valencia. Les soleares de Cadiz et Jerez qui suivent mettent en musique des poèmes du poète espagnol Luis de Góngora, à qui Vicente voue une grande admiration. Vicente Soto rend aussi hommage au Titi de Triana qu'il a connu personnellement en interprétant des tangos marqués par le style créé par ce dernier.
Les cantes de la deuxième partie furent de facture beaucoup plus moderne, trop moderne. Rejoint à la guitare par Manuel Salado, au chant par sa fille Rafaela Soto, et aux percussions par son fils Manuel Soto, le cantaor se lance dans l'interprétation d'un titre hommage à Fernando Terremoto hijo, composé peu avant la disparition de ce dernier, et dont la mélodie rappelle un peu "Luz en los balcones". Les tangos de Luis Carmona et l'hommage à la copla que Vicente désigne comme la soeur de la buleria concluent le récital.
Le flamenco a des couleurs distinctes, mais Vicente Soto semble s'être un peu trop éloigné de son héritage teinté de sons noirs.