La rentrée flamenca n'a pas été avare de flamenco. Voici un aperçu des événements qui ont ponctué l'actualité flamenca du mois de septembre.
Après les deux fabuleux concerts de David Lagos et Javier Patino en juin dernier, la peña Flamenco en France a rouvert ses portes le 10 septembre avec un spectacle de baile de Karla Guzman accompagnée par le cantaor Niño de Elche et le tocaor Tobal Corbel. Une belle soirée à laquelle participait depuis le public Maria del Mar Moreno - qui donnait la même semaine un stage organisé par l'association Lib'Arte - , à grand renfort de jaleos. Et c'est jusqu'au petit matin, après avoir admiré les gracieux bailes por fandango et romance de la bailaora mexicaine et sa technique de pieds sans faille acquise auprès de la Winny, que la bailaora de Jerez chanta, accompagnée par le toque de Niño de Elche puis celui de Dimitri Puyalte, por bulerias, fandangos, et même siguiriya. Niño de Elche ne manqua pas non plus de rendre hommage à Moraito en jouant une de ses bulerias. Une bien belle rentrée à Flamenco en France.
Tandis que Maria del Mar Moreno profitait des joies de la vie parisienne, le vaisseau de Flamenco Culture mit le cap sur Jerez pour suivre la route de la solea. Ce fut aussi l'occasion d'assister le 17 septembre à la Fiesta de la Buleria, dédiée au trop tôt disparu Manuel Moreno Junquera "Moraito". Une fiesta de la Buleria bien différente de celle vécue en 2007 ; une Plaza de Toros désertée par les aficionados locaux, laissant les gradins presque vides, et une fiesta se terminant à deux heures du matin au lieu de six heures voire plus il y a quatre ans. Le concept de noche flamenca est en voix d'extinction : la Caracola de Lebrija comme la Fiesta de la Buleria, qui jadis duraient toute la nuit se terminent désormais au plus tard à 3h. Pourtant le programme de la Fiesta de la Buleria cette année était de qualité : du bon cante, celui du fils de Fernando de la Morena, d'El Tolo, de Vicente Soto, de Pansequito, de Juana la del Pipa et même de Marina Heredia... du bon baile avec El Grilo, et puis la volonté de rendre hommage à Moraito, à travers une façon spécifique d'éxécuter les bulerias, des letras dédiées spécialement au guitariste, et des images projetées sur un écran jouxtant la scène. Une ambiance mélangée donc : cicatrice de la disparition non encore refermée mêlée à la satisfaction d'un programme de qualité.
Dans la capitale française, La Cité de la Musique a apporté sur un plateau au public parisien deux cantaoras mythiques, respectivement les 24 et 27 septembre. L'une, Carmen Linares, a rendu hommage à la poésie de Miguel Hernandez. L'autre, Inés Bacan, venue tout droit de Lebrija, s'est laissée porter par la solide guitare d'Antonio Moya et le souvenir de Pedro Bacan pour interpréter les cantes caractéristiques de sa terre, mais pas seulement. Accompagnée par les palmas de Vicente Peña et Luis Chimenea, "La Inés" s'est en effet illustrée, en plus des soleares de Lebrija, cantiñas de Pinini et Romance, dans des cantes por tientos, siguiriya et malagueña parfaitement mis en valeur par la qualité de l'acoustique de la Cité de la Musique. On retiendra en particulier la magnifique interprétation de la nana "Duermete Lucerito" que Pepa de Benito chantait sur l'album "Yo vengo de Utrera", déjà accompagnée par Antonio Moya.
Enfin, le 30 septembre, c'est une autre bailaora mexicaine, Alejandra Gonzalez, qui a présenté son spectacle "Cuadros Flamencos". Après trois chorégraphies - cantiñas, tangos, solea -, c'est dans son dernier baile por guajira que la bailaora s'est le plus révélée. Le rythme léger de ce palo d'ida y vuelta joué par la guitare de Niño Manuel et Dani Barba Moreno a permis à Alejandra de mettre en oeuvre toute sa connaissance du maniement de l'éventail, enchantant le public de la Reine Blanche. Mention pour El Trini, bon cantaor de Cadiz que l'on voit régulièrement accompagner le baile.