Le cri déchirant de Julian Demoraga sait aussi se faire murmure. C'est ce qu'il a démontré mercredi soir à la Scène Bastille. Le charismatique leader du groupe El Ultimo Grito - le dernier cri - , espagnol originaire d'Albacete, est un Artiste avec un grand A. Il chante, peint, écrit... et magnétise le public de sa seule présence passée toutefois un peu inaperçue lors de son entrée sur scène. "Aller, on recommence et vous applaudissez quand j'arrive", déclare Julian avec humour et aplomb après son arrivée trop discrète.
Aux machines, Diego El Kinki est lui habité par la musique qu'il interprète en direct depuis le fond de scène où il orchestre toute une tribu de sons. Les titres s'enchaînent : Crucificao Yo, No te obligo, Zorongo... Il faut aussi de solides bases de flamenco pour réaliser la performance d'actualiser sur fond de musique électro la traditionnelle buleria de Lebrija . "Al pocito yo voy por agua, yo voy por agua" chante Julian Demoraga ; la buleria interprétée jadis par Inés Bacan accompagnée par la guitare de Moraito sur l'album "Soledad Sonora" trouve une seconde jeunesse dans la musique d'El Ultimo Grito.
Et Lori, la danseuse invitée, se métamorphose. Elle se fond totalement dans l'univers d'El Ultimo Grito, innovant avec des gestes qu'on ne lui avait jamais vus auparavant : un véritable rôle de composition pour cette artiste qui est également comédienne.
N'oublions pas non plus la discrète mais efficace contribution du guitariste rennais Stéphane Péron et la remarquable interprétation du saxophoniste Marcel Luscher.
Pour celles et ceux qui l'auraient manqué, le groupe repassera le 5 juin à l'Ermitage.