Rencontre entre deux figures internationales du flamenco et de la danse contemporaine, la sévillane Maria Pagés et le danseur flamand d'origine marocaine Sidi Larbi Cherkaoui.
"Dunas" est une oeuvre non aride d'idées. Présentée en juillet 2010 aux Nuits de Fourvière à Lyon, la création a depuis fait son chemin dans les festivals, avec notamment une participation à la Biennale de Séville en octobre 2010 qui a recueilli tous les suffrages. C'est pourquoi l'expectative était grande et il fallait au moins une grande Halle de la Villette trois soirs de suite du 21 au 23 avril pour accueillir tous les spectateurs.
Une scénographie épurée. Tout tourne autour de ces fameux voiles tour à tour tendus et lâches. Le voile comme séparation, comme écran, comme lien, comme masque, comme cocon, comme des dunes de sable puisque c'est de là qu'est partie l'idée de la création... voilà le programme ambitieux que nous ont réservé Maria Pages et Sidi Larbi Cherkaoui pour nous parler des choses de la vie. Cette façon de voir que nous avons tous à cette époque, à travers un voile, un écran plus exactement, qui sert de protection mais aussi de prison. Et des points d'interrogation, beaucoup de points d'interrogation sur les dessins hautement symboliques que Sidi trace avec les bras de Maria : sur la condition humaine, le terrorisme... sur la magnifique musique composée par Szymon Brzoska et Rubén Lebaniegos.
"Dunas" met en valeur les bras toujours aussi souples de Maria Pagés, qui s'entremêlent avec ceux de Sidi Larbi Cherkaoui ou lui servent de pinceau. Cherkaoui s'adapte sans problème au compas flamenco avec son propre language. Le danseur en caoutchouc déploie une incroyable souplesse dans toutes les danses. Côté musique nous avons particulièrement apprécié la fusion des chants flamenco et orientaux parfaitement réussie.
Même si la création n'est pas nouvelle, elle ne semble pas encore totalement aboutie car les tableaux s'enchaînent comme un foisonnement d'idées sans véritable lien entre elles, et la salle Charlie Parker de la grande Halle de la Villette, peut-être moins propice à ce genre de spectacle, a parfois donné l'impression d'une oeuvre aride en sentiments.