Dans la famille Anillo je voudrais le frère. Après Encarna en avril, la peña Flamenco en France a invité ce week-end son frère aîné José à chanter pour la première fois en solo dans l'Hexagone. Dans un récital de près d'une heure et demie en deux parties, le jeune cantaor gaditan a emmené son auditoire de Puerta Tierra à la Viña en passant par Campo del Sur, déversant sur le tablao de Flamenco en France tout le sel de la Bahia.
José Anillo n'est pas un inconnu du public parisien. Certains se souviennent peut-être l'avoir découvert aux côtés de José Galvan à Planète Andalucia. Eva du regretté site apaloseco, dont le jugement était souvent juste, ne tarissait déjà pas d'éloges sur le chanteur au début des années 2000. Un avis amplement partagé.
Cantes Abandolaos puis Malagueñas. Une bien curieuse façon de commencer un récital de cante. Mais la surprise qui consistait à inverser l'ordre d'interprétation des cantes - les Cantes Abandolaos servent habituellement à remater une Malagueña - fut de bon goût. Cantes de Juan Breva interprétés avec punch, puis reposante Malagueña del Mellizo pour finalement arriver à la Tacita de Plata. Avec ces cantes difficiles à interpréter José Anillo prend des risques, et dans ce récital acoustique il ne peut compter que sur sa voix et le discret accompagnement de la guitare du chilien Claudio Villanueva. Le cantaor offre ensuite ses classiques Tientos de Cádiz, sans aucun doute son cante le plus poignant. Après l'énergique remate por Tangos, Tonas et Debla a palo seco achèvent cette première partie très applaudie.
Le deuxième acte du récital démarre por Alegrias de Cádiz, autre cante phare du cantaor, qui nous emmène tout droit à la Caleta. Le ton change ensuite avec des letras de Siguiriyas exécutées avec les tripes - Manuel Molina, El Marruro, Joaquín Lacherna et Cabal de Juanichi - et des Soleares de Cádiz plutôt bien interprétées achèvent de conquérir le public attentif de la peña. Le récital se termine por Bulerias, avec notamment une fabuleuse interprétation de la Salvaora de Caracol façon copla (une Zambra que l'on peut également chanter por Tangos). La bailaora de Madrid Laura Gonzalez "La Polaca" et la piquante Alejandra Hernández, compagne de José Maya, venue en renfort aux palmas, improvisent chacune une courte pata por Buleria, et un rappel por Fandangos conclut cet excellent récital.
Le seul bémol réside peut-être dans un choix de letras qui semble peu aventureux quand on connaît le répertoire du cantaor, notamment dans la Siguiriya et le Tientos, mais cette remarque est valable pour tous les cantaores, qui ont tendance à interpréter depuis des années les cantes qu'ils connaissent et dominent le mieux.
Avec un répertoire de cantes étendu, fortement marqué par l'école gaditane, José Anillo se positionne dans le peloton de tête de la nouvelle génération de cantaores - une trentaine environ, selon les affirmations du maestro Fosforito lors d'une conférence au Festival Flamenco de Nîmes cette année - et comme un fervent représentant des cantes de Cádiz. Bonne pioche pour Flamenco en France.
Le disque de José Anillo, "Los Balcones de mi sueño", réalisé en 2009 et 2010, cherche une maison. A bon entendeur.
Photo ©Christian Bamale