Le spectacle "Flamenco al desnudo" a ravi les spectateurs du Théâtre de la Reine Blanche le mercredi 6 octobre. Cette création qui s'est jouée pour la première fois en février revenait pour trois uniques représentations dont la dernière aura lieu le 13 octobre.
Flamenco al desnudo relate l'histoire d'un homme, Manolo Punto, qui raconte à son journal intime une histoire réelle ou rêvée, celle d'une rencontre avec une jeune femme incarnée par Aurélia Vidal. Les danseurs se métamorphosent ainsi au cours de la soirée en de véritables acteurs, se servant du flamenco comme vocabulaire et comme vecteur d'expression des émotions.
C'est donc à travers des palos parmi les plus expressifs du flamenco - Jaleos, Solea, Martinete, Siguiriya, Solea, Alegrias et Bulerias - que les deux danseurs racontent cette histoire qui met en relief la difficulté des individus à se rencontrer et la profonde solitude qui en découle, en particulier dans les grandes métropoles.
Dans le spectacle, Aurélia Vidal s'affirme comme l'une des meilleures danseuses de l'Hexagone, avec notamment une technique et une grâce phénoménales. Le son de son zapateado est limpide, et elle fait preuve d'une grande énergie. Le port du pantalon dans la première partie de la soirée ne fait qu'accentuer la puissance qui émane du baile explosif de la danseuse, qui demeure paradoxalement très féminin.
Manolo Punto quand à lui, à l'origine du spectacle via son association Eme Flamenco, continue à se chercher, avec un style toujours très focalisé sur le bas du corps, mais cependant de belles séries de tours et une intervention dynamique sur les bulerias finales. Son travail de création et de mise en scène mérite d'être souligné. Manolo Punto se livre beaucoup dans ce spectacle mais il reste encore des zones d'ombres. Le danseur à mon sens se sera réellement dévoilé lorsqu'il portera un spectacle à son seul nom.
Une donnée constante tout au long de la soirée, les danseurs ne s'économisent pas physiquement et donnent tout ce qu'ils peuvent.
Atras il y a la viole de Gambe qui apporte une sonorité particulière, presque orientale, qui épouse avec succès la couleur flamenca. Alberto Garcia ne démérite pas au cante, notamment por Tangos et Bulerias, et Javier Cerezo offre ses habituelles falsetas por Siguiriya. Le compas aurait d'ailleurs pu se faire plus discret sur la sublime Siguiriya dansée par Aurélia Vidal, un palo qui ne nécessite pas d'être autant marqué.
Une histoire originale avec de bonnes idées de mise en scène. On passe incontestablement une bonne soirée à ce spectacle, simple, dépouillé, sincère. Une vraie mise à nu.