La formation anciennement baptisée "Grupo Planeta Andalucia" a refait surface sur la scène de l'auditorium de l'Institut du Monde Arabe pour deux soirées consécutives intitulées "Fiesta Flamenca" les 1er et 2 octobre.
La soirée commence avec un cante de Niño de Elche a palo seco, le Romance de Zaide d'El Chozas, que le cantaor interprète de façon à la fois puissante et posée.
Cette magnifique introduction est directement suivie par l'entrée de Karla Guzman pour un premier baile por Romance avec manton. Resplendissante après six mois passés dans son Mexique natal, la bailaora a rapporté de son voyage des tenues soyeuses et colorées qui sont du plus bel effet et troque sa robe blanche et son manton orange pour une robe fuschia et un manton turquoise. Les lumières rose qui éclairent la scène semblent d'ailleurs avoir été coordonnées avec la tenue de la danseuse. Avec son sens inné de la danse, très aérienne, Karla glisse sur scène, prête à s'envoler avec ses ailes colorées. Mais elle sait aussi ancrer son baile dans le sol au moment de zapatear avec une technique assurée. Un vrai plaisir de revoir cette danseuse si généreuse sur une scène parisienne.
Les guitaristes Dimitri Puyalte et Tobal Corbel interprètent ensuite une Farruca en duo qu'ils semblent avoir beaucoup travaillée, avant de laisser place au baile por Alegria dynamique de la danseuse nîmoise Eva Luisa qui met en valeur sa gestuelle souple et féminine et sa grande force d'expression. Elle termine son baile par une longue Buleria sans musique, portée seulement par les jaleos de Juanma Cortés et les palmas, puis enchaîne avec la typique Buleria de Cadiz avec le cante de Niño de Elche.
Francisco Contreras "Niño de Elche" offre un échantillon de son spectacle sur Miguel Hernandez avec lequel il tourne actuellement, dans le cadre du centenaire de la naissance du poète. Cet extrait est une adaptation du poème "Rosario dinamitera" sur une musique de guajira. Il interprète ce thème avec beaucoup de conviction.
Son cante por solea introductif au baile d'Eva Luisa fut plutôt insolite, car sans aucun ayeo, passant directement au cante de préparation. Après le baile habité d'Eva Luisa à qui ce palo sied décidément très bien, un long remate por buleria de Jerez puis Lebrija bien rythmé et "jaléé" par Juan Manuel Cortés conclut la séquence.
Entre ces deux cantes, Karla Guzman revient por Taranto, un autre de ses bailes habituels. Très bien accompagnée par la guitare de Tobal Corbel et le cante de Niño de Elche qui connaît parfaitement et interprète avec aisance cette famille de cantes, Karla offre un baile particulièrement élégant rematé por Tangos.
Une courte fin de fiesta met un terme à la soirée.
Au final une bonne soirée flamenca avec toutefois un bémol : le côté chaleureux du spectacle tant apprécié à Planète Andalucia se dilue au sein du grand auditorium de l'IMA qui, malgré ses sièges confortables, ne parvient pas à réchauffer un public peu enclin aux jaleos, sauf lors des applaudissements finaux où il se montra très enthousiaste.
L'après Fiesta Flamenca fut pour moi gâchée par une rencontre avec des trouble-fête sans imagination, qui par petites touches, depuis des années, copient toutes mes idées, souvent sans les comprendre. Mais fort heureusement, la bêtise et la malhonnêteté ne sont pas contagieuses.