Patricia, comment as-tu découvert le flamenco ?
C'est quand j'étais toute petite. Ma mère avait une académie de baile et elle m'emmenait toujours avec elle. Je suis restée avec elle durant plusieurs
années, et je me souviens toujours de cette image, même si le flamenco avec guitare et cante je l'ai découvert plus tard, lorsque j'ai suivi l'enseignement de
La Presi. Elle avait toujours avec elle deux guitaristes dans ses cours et je garde aussi en mémoire cette image.
Donc tu viens d'une famille flamenca ?
Pas exactement. C'est vrai que ma mère est professeur de baile, elle danse, mais nous n'avons pas de prédécesseurs.
Cependant, même si la famille n'est pas née flamenca, elle a toujours aimé le flamenco.
Peux-tu me parler de Grenade ?
Que vais-je dire de Grenade... Eh bien, c'est ma ville, c'est là où je vis, pour moi c'est une immense source d'inspiration, toujours. Je m'en rends compte
surtout maintenant que je vis à Séville. Grenade me manque beaucoup, énormément. Ses rues, ses habitants, tout.
Justement ma question suivante était sur Séville, pourquoi es-tu partie vivre là-bas ?
En réalité Séville est très bien. En ce moment c'est très bien par rapport aux cours, aux artistes. Il y a des gens très bons qui donnent des cours
là-bas... Je l'ai fait surtout pour que d'autres personnes me voient, un autre type de public. J'ai déjà beaucoup dansé à Grenade, et la réalité c'est qu'il
n'y avait plus rien à faire là-bas.
Quelle serait ta définition du flamenco ?
Littéralement c'est une culture musicale qui vient de la race gitane. Mais comme définition personnelle pour moi le flamenco est comme une expression.
C'est une expression de l'art, du duende de chaque personne, de l'art en général, de l'état d'esprit des personnes qui dansent et chantent. C'est une expression,
ce serait çà ma définition.
As-tu un style préféré dans le flamenco ?
J'aime tout. Mais en ce qui concerne le baile, j'aime danser por taranto, c'est un palo qui me plaît beaucoup. L'alegria me plaît beaucoup... et j'aime aussi
beaucoup la guajira, en ce moment je la danse beaucoup.
Penses-tu appartenir à une école de baile, sinon comment définirais-tu ton style ?
En réalité je ne sais pas si mon style est déjà définissable. Je crois et j'espère que non. J'espère continuer à me former beaucoup plus, que ce soit
beaucoup plus précis.
Mais je n'appartiens pas vraiment à une école de baile. Je ne sais pas quel style pourrait me définir, car depuis que je suis enfant j'ai toujours aimé
prendre beaucoup de tout. La force d'un côté, la technique de l'autre...
As-tu un miroir dans lequel te regarder ?
C'est qu'il a beaucoup de miroirs. Il y a tant de personnes qui peuvent t'enseigner, qui t'enseignent tant de choses. J'ai beaucoup de miroirs où me regarder.
Et c'est une bonne chose, car c'est pour cela que cet art est si riche.
A part Grenade, as-tu d'autres sources d'inspiration ?
Oui, j'ai beaucoup de sources d'inspiration. Par exemple aujourd'hui j'ai trouvé une source d'inspiration, elle s'appelle Paris.
Je n'étais jamais venue dans le centre et ça m'a paru extraordinaire. C'est très joli. Aujourd'hui j'ai visité la Tour Eiffel et Notre-Dame.
Pour moi ça a été incroyable.
Que cherches-tu à exprimer à travers ton baile ?
En fait je ne sais pas. Je danse car j'ai envie de le faire, je ressens l'art et le flamenco, et j'aime l'exprimer à ma façon.
J'exprime ce que les gens aiment voir aussi.
Malgré ton jeune âge ton baile a beaucoup évolué, dans quel sens a-t-il mûri ?
Il a mûri dans le sens où je suis plus sûre de moi. Quant tu es petite tu n'as pas cette assurance. Et il a surtout évolué dans ma façon de voir
le flamenco, de le comprendre, ma façon de comprendre le cante pour pouvoir m'adapter à lui, et à la musique aussi : ça m'a apporté la compréhension
de la musique pour la faire moi.
Tu portes une attention particulière au choix de tes robes et ensembles, à l'harmonie des couleurs...
j'ai aussi lu que ta grand-mère avait réalisé un costume de scène pour toi
Ma grand-mère a réalisé toutes les robes que j'ai ! Depuis toujours, depuis que je suis enfant, elle a fait tous mes vêtements.
En ce moment j'ai certaines batas de cola qui ne sont pas d'elle mais presque toutes les tenues que j'ai sont de ma grand-mère.
J'ai cette chance.
Peux-tu me parler de Violeta Ruiz ?
Ah, mon amie Violeta ! Je connais Violeta depuis déjà plusieurs années, j'ai toujours été avec elle, c'est une fille super.
Nous avons travaillé ensemble, j'ai eu le plaisir de travailler avec elle. Elle danse très bien et nous avons toujours été proches.
Qui furent tes maestros ?
Il y en a eu beaucoup. Mais je tiens à citer La Presi qui est une maestra de là-bas à Grenade, Luis de Luis qui lui aussi m'a beaucoup enseigné depuis toute petite,
Mario Maya, Mercedes Ruiz, Belen Maya, Stella Arauzo... beaucoup de monde. J'ai eu la chance de travailler avec Manolillo Liñan, de faire beaucoup de stages avec beaucoup
de monde. Et Eva la Yerbabuena bien sûr.