Je crois que tu es le seul grand guitariste à avoir travaillé sur un album entier de sévillanes, l'album "COSAS DE DOS", pour moi ce sont parmi les plus belles sevillanas que j'ai écoutées, et c'est dû en grande partie à ta musique, considères-tu que les sévillanes font partie du flamenco ?
Juan confirme qu'il est bien le seul guitariste à avoir réalisé ce type d'album et me remercie avant de répondre à la question.
Non, par contre je peux dire qu'elles ont été flamenquisées de plus en plus, par exemple j'ai eu la chance de pouvoir travailler beaucoup avec Isidro Muñoz,
qui est le producteur des films de Carlos Saura, dont "Sevillanas", et je peux te dire qu'aujourd'hui les sevillanas ont un grade beaucoup plus haut que ce
qu'il y avait avant, c'est beaucoup moins folklorique.
As-tu des préférences pour certains palos du flamenco ?
Peut-être par rapport à mes origines la buleria...et comme j'ai vécu à Jerez pendant longtemps..c'est un jeu ou on s'amuse, et ça fait partie de ce que je
préfère.
Tu as travaillé avec les plus grands artistes espagnols (Terremoto hijo, El Capullo, Duquende...pour ne citer qu'eux), Peux-tu nous parler des moments qui ont marqué ta carrière ?
Oui, j'ai eu la chance de travailler avec Isidro Muñoz, Manolo Sanlucar, Terremoto, Capullo, Fernando de la Morena, La Paquera, tous les gens de Jerez...J'ai
eu la chance de cotoyer Paco de Lucia, parce qu'il m'a décerné un prix. J'ai aussi travaillé avec des grandes stars du flamenco, aussi bien du chant que de
la danse comme par exemple Antonio Canales. Dernièrement j'ai enregistré avec Joaquin Grilo...
C'est ce qui me tire, j'ai besoin de ça pour pouvoir continuer à être inspiré et à créer.
Comment as-tu fait en tant que français, lyonnais, pour t'intégrer au monde du flamenco espagnol ?
Je crois que ce qui m'a sauvé c'est que j'étais gitan. Là-bas, ils m'appelaient "El Gitano Frances", je pense que c'est pour celà qu'ils m'ont accepté, et
peut-être aussi par rapport à ma démarche qui était tout à fait noble, ce n'était pas, "Je viens sur votre terre pour voler le pain", ce n'était pas du tout ça, c'était
plutôt "je suis là pour écouter et apprendre". Je suis parti directement à Jerez, je me suis présenté au concours, je l'ai gagné et à partir de là tout le monde me
connaissait. Tu sais c'est le concours phare là-bas, c'est celui que Paco de Lucia a gagné quand il avait 14 ans.
Quelles relations as-tu établies avec les gitans d'Espagne, te sens-tu proche d'eux ?
Très très bonnes, justement, peut-être meilleures qu'ici. Quand j'étais là-bas je me sentais plus proche d'eux que de ceux d'ici. Ici quelquepart le gitan est tellement en manque de
culture gitane qu'il va excéder dans la tradition.
Nous sommes interrompus un instant par la charmante Sabrina Romero qui vient dire bonjour à Juan.
Et les Carmona de Grenade, as-tu des relations avec eux ? As-tu vu le DVD Herencia flamenca ?
Malheureusement non, dans le dernier disque j'en ai invité un, Pepe Luis, qui est le fils de Pepe Habichuela, mais je ne les connais pas assez, et j'aimerais
beaucoup les connaître. Et oui, tout à fait, j'ai vu le DVD, il est super.
Tu pars bientôt en tournée aux Etats-Unis, dans quelles villes vas-tu te produire ?
Là on part à Chicago, à Memphis, à Los Angeles, à Hawaï, après on part au Mexique, au Canada...
As-tu d'autre projets ?
Là je suis en train de terminer un DVD de mes concerts, et je suis aussi en train de finir un album
Hier soir j'ai rencontré par hasard deux de tes élèves, dont Marco de Saint-Raphaël, je ne savais pas que tu enseignais, peux-tu m'en dire plus sur ce que tu fais au niveau pédagogique ?
Alors en fait j'ai un CA, qui est un diplôme au dessus du diplôme d'état. J'essaye de transmettre le flamenco tel qu'il se transmettait avant.
Ce n'est pas parce que ça se passe au conservatoire que j'applique la pédagogie du conservatoire (ndlr : nous verrons ensuite dans le reportage "Le flamenco à Fleur de peau" que les cours de Juan ne concernent pas seulement la guitare, mais aussi le cajon, et l'apprentissage du compas).