José, tu viens de Cadiz, quel est ton premier souvenir du flamenco ?
Mon premier souvenir du flamenco c'est chez moi, dans la maison de ma famille, où l'on écoutait toujours du flamenco, et où nous avons toujours été aficionados.
Les premiers souvenirs que j'ai ce sont donc les fêtes que l'on faisait chez moi ou n'importe quel type d'événement familial, qui se terminaient toujours en juerga.
Parle moi de Cadiz...
De Cadiz que puis-je te dire ? Pour moi c'est la terre la plus rayonnante de celles que je connais, et elles sont nombreuses. Cadiz a quelque chose de spécial.
Je ne sais pas si ce sont ses habitants, ou si c'est son histoire, ses rues...
As-tu des origines gitanes ? Si oui te sens-tu plus payo ou gitan ?
Même si d'après mon deuxième nom (Salazar), on dirait que oui, en réalité je n'ai aucune origine gitane à ce que je sache.
Alors bien sûr je me sens plus payo. Cependant pour moi ça n'influence pas la manière de sentir le flamenco
et je n'aime pas faire de distinction entre les payos et les gitans. J'ai eu la chance de travailler avec d'immenses artistes
payos et gitans, comme par exemple Carmen Linares et toute la famille Farruco ou encore Manuela Carrasco, et avec chacun d'eux j'ai vécu de bonnes
expériences, j'ai appris, et la race n'a pas eu d'importance...
Pourquoi as-tu choisi le cante ?
Je chante depuis tout petit, mais une des responsables du fait que je sois chanteur c'est ma soeur.
Car avant de chanter, elle a commencé par danser et c'est elle qui a fait
en sorte que je chante pour elle dans les endroits où elle dansait.
C'est donc elle qui m'a amené au cante.
Préfères-tu chanter p'atras ou p'alante ?
Je préfère chanter p'alante, mais bien sûr comme j'ai peu d'opportunités, je dois chanter p'atras.
Mais je me sens plus à l'aise en chantant pour le baile car je le fais depuis dix-huit ans.
As-tu un palo préféré ?
Non, je pense que non. Je crois que c'est selon le moment, l'humeur ou les sentiments que tu veux exprimer.
Lorsque tu chantes on sent que ça vient de très loin, d'où te vient l'inspiration ?
Oui, ça vient de très profond, ça vient des entrailles, de ce que j'ai vécu dans ma vie.
As-tu un maestro de référence ?
Oui, j'en ai beaucoup. Tomas Pavon, Caracol, Juanito Villar. Presque tous mes compagnons sont des maîtres pour moi, comme David Lagos qui a toujours été une référence pour moi.
Que signifie pour toi la disparition de Chano Lobato ?
La perte d'une histoire vivante des cantes de Cadiz, en plus d'une très belle personne et d'un immense artiste.
J'ai eu la chance de travailler avec lui plusieurs fois et d'avoir un contact personnel avec lui, et pour moi c'est une
référence pour la façon de chanter les alegrías de Cadiz, et beaucoup d'autres choses.
Jusqu'à quand as-tu été à l'école ? Pour toi est-ce compatible de faire des études et du flamenco,
ou bien le flamenco est-il une école en lui-même ?
J'ai été jusqu'à la seconde année de formation professionnelle d'électricité.
Le flamenco est une école aussi, mais une école différente. Je pense que le flamenco ne doit pas aller contre le système scolaire,
je pense que parfois c'est beaucoup mieux. C'est que ça dépend des gens et des personnalités, ils peuvent parfaitement être compatibles.
Est-ce que tu lis ? Si oui, quel est le dernier livre que tu as lu ?
Oui, je lis assez. Le dernier livre que j'ai lu s'appelle El Librero de la Atlantida, c'est une nouvelle qui parle de la ville perdue
de l'Atlantida et où il y a beaucoup de références à l'Andalousie et à Cadiz.
Quel est ton meilleur souvenir de tournée ?
C'est une des dernières longues tournées que j'ai faîte, en Australie et en Chine. J'y étais avec la compagnie d'Olga Pericet, Marco Flores et Manuel Liñan
et accompagnais aussi Belen Maya. C'est une des tournées les plus belles que j'ai réalisées dans ma vie.
Si tu ne pouvais plus chanter que ferais-tu ?
Je jouerais d'un instrument. Je joue un peu de la guitare et de la basse électrique.
Ta soeur Encarna est plus connue que toi, comment le vis-tu ?
Je le vis bien car c'est ma petite soeur. J'ai eu la grande chance d'être le producteur musical de son disque,
c'était quelque chose que nous avions parié elle et moi. Ca m'a donné une grande satisfaction.
Et le fait que ma soeur en soit là c'est un plaisir, une joie.
Quel a été ton rôle de producteur musical sur le disque de ta soeur "Barcas de Plata" ?
Une de mes fonctions principales en tant que producteur musical était que tous les artistes qui participaient au disque se
sentent à l'aise et s'expriment librement. En ce qui concerne ma soeur mon rôle était de sortir d'elle tout ce que, en tant que grand frère,
je savais qu'elle pouvait donner et la faire se sentir comme une petite fille dans un conte de fées.
Tout ça en plus du travail de beaucoup d'heures en studio fut une grande responsabilité, car ce n'était pas le travail d'une inconnue
mais celui de ma propre soeur.
"Cadiz a quelque chose de spécial"