As-tu de la famille dans le monde du flamenco ?
En fait non, mon père n'a jamais chanté en tant que professionnel. Avec ma sœur on allait à la peña flamenca de Huelva, elle aussi a gagné des concours avec moi, mais ne s'y est jamais consacré professionnellement. C'est vrai que la mère de mon père chantait aussi por fandango mais il n'y a jamais eu aucun professionnel dans ma famille.
Tu joues de la guitare aussi, non ?
Oui, ça me plaît beaucoup. En réalité j'ai commencé à la Peña Flamenca de Huelva avec la guitare, pas avec le cante. Je me suis inscrit quand j'avais 9 ans et j'ai commencé à jouer, mais comme ce qui m'attirait le plus, ce qui me plaisait le plus était le cante, finalement...Je joue chaque jour de la guitare car j'adore ça mais c'est plus mon truc le chant que la guitare.
Comment ta famille a-t-elle vécu les débuts de ta carrière professionnelle ?
Ils étaient ravis. Au début ils avaient un peu de peine car je devais aller à Séville, car à Huelva il y a très peu de flamenco. A Huelva il y a beaucoup de gens qui chantent mais pas de flamenco. Et pour mes parents ne pas voir leur fils de 17 ans durant presque une semaine...Mais grâce à Dieu ils m'ont soutenu et ont toujours fait leur possible pour que je sois heureux et que j'arrive à faire ce que voulais, ce qui meplaisait, c'est-à-dire chanter.
Comment vis-tu cette ascension fulgurante ?
Je me sens très épanoui. Grâce à Dieu j'ai eu pas mal de chance, mais c'est aussi dû au travail car dans ce monde personne ne te fait de cadeau. Je suis très content du petit chemin que j'ai fait car à 20 ans j'ai déjà eu la chance de travailler avec des gens de premier niveau dans le baile, comme Milagros MENGIBAR, Rafael CAMPALLO, Belen MAYA ou José GALVAN. Et hier par exemple j'ai travaillé avec Rocio MOLINA, un peu par accident car le chanteur prévu initialement ne pouvait plus y aller. Et le matin je me suis rendu compte que je devais chanter le soir-même !
Penses-tu avoir mûri plus vite que les jeunes de ton âge ?
Les gens disent que oui, qu'on ne dirait pas que j'ai seulement vingt ans, mais j'ai des facettes d'un jeune de vingt ans et d'autres plus matures. Quand tu es artiste ou que travailles dans le domaine de l'art...je pense que l'art t'incite à mûrir plus rapidement oui.
Quel est ton premier souvenir de scène ?
C'était lors d'une fin de cours à une fête de Noël à la Peña Flamenca de Huelva, lorsque je chantais avec ce groupe d'enfants. J'étais très nerveux. En plus on devait tous être habillés pareil, avec un pantalon et une chemise bleu marine, et moi je n'avais trouvé nulle part un pantalon et une chemise bleu marine, alors tout le monde était vêtu de la même façon sauf moi !
Quelques jours après j'ai chanté à une autre fête de Noël, et je devais jouer de la guitare et chanter, j'avais 11 ans. Je ne savais chanter que des fandangos, et bien sûr j'étais tellement nerveux que bien sûr je me suis trompé, je devais m'arrêter et tout.
Et quand je me souviens de ça je ne peux m'arrêter de rire !
Maintenant, grâce à Dieu j'ai la chance de travailler dans des théâtres immenses, de voler, de voyager, des choses qu'à l'époque je n'aurais jamais imaginées dans la vie.
As-tu peur avant de monter sur scène ?
Non, je n'ai pas peur. Je pense qu'on doit avoir peur d'autres choses, de la guerre par exemple, mais peur de l'art jamais. Monter sur scène t'impose le respect, et je pense qu'on doit être un peu nerveux avant de monter sur scène mais plus par respect pour le public qui va t'écouter.
Tu as travaillé avec des excellentes danseuses comme Milagros MENGIBAR, Belen MAYA, Alicia MARQUEZ, que t'ont enseigné ces expériences ?
C'est une chose fantastique, car comme je te disais avant, à 20 ans avoir travaillé avec ces gens... Avec Alicia c'était la première fois que je voyageais à l'étranger, nous étions allés en Autriche, et ça s'est très bien passé. Je n'étais jamais monté dans un avion et maintenant je le prends tout le temps. La semaine passée j'ai voyagé en Australie, en Chine et à Hong-Kong avec Manuel LIÑAN, Olga PERICET et Merche ESMERALDA...
Comment définirais-tu la personnalité de ton flamenco, a-t-elle évolué au long de ton parcours ?
Oui bien sûr, en tout cas je l'espère. Je note une différence car j'apprends des gens avec qui je travaille. Je sens que j'ai évolué, mais je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre, et que mourrai sans savoir tout car dans cet art c'est impossible de tout savoir.
J'aime que les gens sentent ce que j'essaye de transmettre, ma personnalité. Je crois que ça a beaucoup à voir avec la personne, pas seulement l'artiste. Je me considère comme une personne sympathique, agréable, aussi grâce à mon type de voix, un peu douce. Ce n'est pas un chant de type gitan car je ne suis pas gitan, mais j'aime tous les types de cante, et j'essaye de les faire un peu à ma manière, à ma façon, et ma façon c'est quoi ? celle qui sonne lorsque j'ouvre la bouche.