Vous êtes tous trois de jeunes chorégraphes et interprètes : comment
vous êtes-vous rencontrés et pourquoi avez-vous décidé de fonder cette compagnie ?
Marco Flores : Il y a plusieurs années que nous travaillons ensemble tant en
compagnie qu’en Tablaos et dans des fêtes...
Quand nous travaillons ensemble, nous avons toujours la sensation que nous
avons beaucoup de choses en commun, tout en ayant des styles différents, mais
nos idées se ressemblent. Nous avons eu envie de monter un projet commun et
nous avons créé ESS3 movimiento avec lequel nous avons fait le circuit des
théâtres de Castilla La Mancha. Depuis, nous avons créé 4 spectacles
ensemble. Avec En Sus 13, nous voulons rendre plus solide ce style que
nous cultivons depuis nos débuts ensemble et défendre nos principes.
Olga Pericet : Le monde du flamenco est tout petit et bien que nous soyons tous
les trois andalous , nous nous sommes rencontrés à Madrid car nous avions
envie de nous perfectionner dans la danse sous tous ses aspects : chorégraphie,
danse espagnole, danse flamenco. Nous avons décidé de fonder cette
compagnie car nous pensons que nous sommes complémentaires et que nous
avons des choses à communiquer au public ensemble.
Manuel Liñán : Nous nous connaissions car nous sommes de la même
génération de danseurs et parce que nous avons les mêmes curiosités pour
enrichir notre danse. Nous avons décidé de fonder cette compagnie car nous
nous sentons bien et plus forts ensemble : nous avons ainsi un réel désir de
nous retrouver dans un studio pour répéter échanger et créer.
Vous êtes tous trois passés par de nombreuses Tablaos et Peñas
flamencas, pouvez-vous nous parler de l'influence de ces lieux sur vos parcours ?
Marco Flores : Eh bien, ceci est une chose qui se voit très clairement dans le
spectacle. Il y a des chorégraphies dans lesquelles on note les influences que
nous avons reçues d’autres disciplines comme la danse espagnole et
contemporaine, mais cependant dans nos solos c’est là que nous montrons notre
côté plus authentique, profond, pur : c’est à dire danser jusqu’à ses propres
limites, c’est évidemment ici qu’entre notre expérience dans les Tablaos.
Olga Pericet : Les Tablaos et les Peñas flamencas sont des lieux difficiles où
l’essence même de la danse ressort : il faut être capable de danser dans un
espace réduit et créer une dimension artistique.
Manuel Liñán : Le Tablao est une école indispensable pour prendre confiance
en soi, acquérir la technique et dominer la scène. Concernant les Peñas
flamencas, il faut y ajouter la présence des connaisseurs : on ne peut donc plus
échapper aux codes du flamenco.
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Le flamenco change continuellement tout en ayant ses racines plongées
dans la tradition, de quelle manière avez-vous choisi d'incarner ce renouveau, cette modernité ?
Olga Pericet : En ce qui me concerne, l’art en général me touche et
l’interprétation théâtrale est quelque chose qui m’intéresse particulièrement, il ne
faut donc pas perdre l’essence du flamenco. La modernité est en revanche
relative car il y a des danseurs très anciens qui font partie de l’âge d’or du
flamenco (début du siècle) comme par exemple Vicente Escudero qui étaient
déjà des avant-gardistes, rien n’est inventé seulement il ne faut pas perdre son
authenticité et savoir vivre avec son temps.
Manuel Liñán : Je ne prétends pas incarner un renouveau, ni être moderne,
seulement je danse avec ma sensibilité et mon propre concept de la danse qui
reste avec des schémas traditionnels, même si parfois j’inclus des petites choses
comme un poème que j’aime interpréter comme un chant profond.
Vous avez tous 3 dansé avec Daniel Doña... Pour quelles raisons avez-vous
choisi de l'inviter à partager le plateau avec vous ?
Marco Flores : Daniel travaille avec nous depuis plusieurs années, avec lui nous
ressentons la même chose que ce que j’ai expliqué auparavant, il y a une
connexion et une grande compréhension quand nous définissons quelque chose.
Daniel est un danseur avec une grande maîtrise de la danse, c’est vraiment
l’artiste invité idéal pour ce projet car il va faire le lien entre les chorégraphies
plus ouvertes et les solos plus flamenco traditionnel. Daniel est la personne
parfaite pour que tout soit un spectacle de flamenco et il n’y ait pas de
soubresauts entre les styles de danse d’une chorégraphie à l’autre.
Olga Pericet : Je connais Daniel depuis longtemps puisque j’ai étudié avec lui à
l’école bolera et nous nous comprenons très bien. Nous avons d’ailleurs dansé
ensemble dans d’autres spectacles qui n’étaient pas flamenco.
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