XIXème Festival Flamenco de Nîmes 

XIX° Festival Flamenco de Nîmes 

La magie toujours présente 


Edito 

Chaque année en Janvier, les plus fervents aficionados se retrouvent à Nîmes, et n'ont pas dérogé à la règle pour cette 19ème édition du Festival Flamenco. Le Festival qui était au départ un concours fait en effet partie des plus prisés et des plus anciens festivals de flamenco, il fêtera d'ailleurs ses vingt ans l'an prochain, et celà promet d'être grandiose puisque sa durée s'étendra pour l'occasion de dix à vingt jours.

Cette année encore la direction artistique du festival a placé la barre très haut avec un programme original, faisant toujours la part belle au cante, bien que le baile semble prendre une place de plus en plus importante, notamment sur la fin de semaine.
En effet, contrairement aux deux éditions précédentes le spectacle du vendredi était cette année consacré au baile avec la famille Galvan au grand complet, et non au cante comme en 2007 avec Enrique Morente et en 2008 avec Miguel Poveda, la grande soirée de cante ayant été déplacée au jeudi soir.
De plus, la soirée du samedi ne comprenait pas de récital de cante comme en 2007 avec Fosforito et en 2008 avec Chano Lobato. En revanche, devant le record d'affluence atteint l'an passé pour le spectacle Almario de Rocio Molina, une séance supplémentaire avait été prévue cette année le dimanche en matinée pour le spectacle Mujeres dont la danseuse malaguène faisait également partie, tout comme Belen Maya, la fille du grand danseur et chorégraphe de ce spectacle, Mario Maya, récemment disparu.


©Paco Sanchez

Cette année l'ambiance dans la ville était différente, en raison sans doute de changements notoires dans l'organisation : tout d'abord l'arrêt du Festival Off qui se déroulait auparavant dans divers lieux de la cité nîmoise. Ensuite le changement du lieu des afters et de rendez-vous des artistes qui, bien que résidant toujours à l'Hotel Atria se retrouvaient chaque soir au restaurant La Casa Blanca dans la rue Fresque à deux pas du Théâtre de Nîmes. Dans le même esprit que l'Auberge Landaise à Mont-de-Marsan, ce lieu était ouvert à tous et permettait aux artistes et aficionados de se retrouver dans une ambiance conviviale.

Pour combler le vide laissé par l'absence du Off, le Centre Culturel Andalou de la ville, fief de Pepe Linares, eut l'heureuse idée d'organiser deux soirées juerga et de présenter le nouveau spectacle d'un groupe local mené par la jeune danseuse Eva Luisa, Calle Flamenca.

Alors que le festival vient à peine de s'achever, chacun attend avec impatience de découvrir les surprises réservées par le programme de l'édition 2010 qui est déjà en préparation. Rendez-vous est pris pour le vingtième anniversaire.

Galerie 
Photos de PACO SANCHEZ

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Reportages video de Télé Miroir 
Mujeres

Hommage à José Galvan

Trois voix pour l'histoire

Les rêves d'Alicia, la dentelle de Lagos

Le fils prodigue et le gourou de Jerez

Flamenco d'ici- La Rubia - Luis de Almeria

Spectacles 

CANTE GRANDE AU PALAIS
COUR D'APPEL - 24 Janvier - 18h30
Un récital de cante magistralement interprété par le lebrijano José Valencia dans l'ambiance intimiste de la Cour d'Appel.


HOMMAGE A JOSÉ GALVAN
THEATRE DE NÎMES - 23 Janvier - 21h
Toute la famille Galvan réunie sur la scène du Théâtre de Nîmes devant une salle comble pour une représentation historique.


TROIS VOIX POUR L'HISTOIRE
THEATRE DE NÎMES - 22 Janvier - 20h
Trois cantaores d'exception pour une grande soirée de cante traditionnel. L'interprète le plus marquant de la soirée demeure Fernando Terremoto.

Au delà de la scène 
CONFERENCES

  • LE REGAIN DE LA PRESSE FLAMENCA

    Intervenants : Ruben Gutierrez et Nadia Messaoudi

    Ruben Gutierrez, professeur de musique dans la région d’Almeria est rédacteur en chef de la revue sévillane La Flamenca et collabore comme critique musical à de nombreux journaux, revues ou sites web qui explorent l’univers du flamenco.

    La conférence de Ruben est construite selon deux axes : l'histoire de la presse flamenca et les nouveaux médias du flamenco. On sent qu'un long travail d'investigation a été mené par le journaliste afin de délivrer un synthétique mais riche exposé de ses recherches.

    La première partie aborde l'histoire de la presse flamenca. Ruben passe en revue les différents titres qui ont fait l'histoire de la presse flamenca, illustrations à l'appui, depuis El Cante en 1886 jusqu'à Sevilla Flamenca, réapparue sur le marché depuis deux mois. Parmi les revues les plus intéressantes on peut retenir La Flamencologia, El Olivo, Acordes de Flamenco, La Nueva Alborea, Alma 100, et notamment La Caña qui selon Ruben Gutierrez est la meilleure revue que l'on puisse trouver car tous les flamencologues y ont contribué.

    Si l'on observe globalement le marché de la presse, on constate que la tendance s'oriente vers la présence en ligne des acteurs traditionnels. La presse flamenca n'échappe pas à ce phénomène car Ruben annonce que plusieurs des revues citées plus haut seront prochainement disponibles sur internet. C'est déjà le cas de la publication gratuite Alma 100 qui est téléchargeable depuis plusieurs mois ou encore La Nueva Alborea. Peu à peu toutes les publications seront numérisées, c'est déjà en projet pour La Flamenca et El Olivo.

    Ruben fait ensuite un tour du monde des magazines de flamenco, évoquant ainsi l'américain Jaleo, le japonais Paseo, le hollandais Aficionado , l'allemand Anda, le français Flamenco Magazine ainsi que d'autres publications comme par exemple celle de la peña flamenca de Lille.

    La dernière partie de la conférence est consacrée à la présence en ligne de la presse flamenca. La plupart des sites spécialistes comme flamenco-world ou deflamenco sont cités. Il y est aussi question de différents médias comme le révolutionnaire Canal Flamenco Radio, filiale de Canal Sur qui diffuse du flamenco 24h sur 24 et possède 15000 heures d'archives sonores, mais aussi de l'émission bruxelloise Flamenco Duende sur Radio Si (dont les liens figurent en page d'accueil du site). Paco Sanchez vient ensuite présenter Canal Flamenco Radio à l'auditoire et diffuse une vidéo promotionnelle de la radio spécialement réenregistrée en français pour l'occasion.


  • FRANCO ET LE FLAMENCO
    Intervenants : Juan-José Tellez et Nadia Messaoudi

  • Juan-José Tellez a écrit plusieurs ouvrages sur le flamenco, notamment sur Paco de Lucia et Chano Lobato. Il parle aujourd'hui d'un sujet rarement abordé : la relation entre le flamenco et la dictature franquiste. Un thème susceptible d'intéresser la population nîmoise qui compte beaucoup d'exilés espagnols.

    L'intervention apporte des élements instructifs. On y apprend que Rita La Cantaora fut l'une des premières victimes du franquisme, que Luis Yance, créateur des trémolos à 4 notes fut assassiné par un groupe de la milice, et que Valderrama fut le premier cantautor avec El Emigrante. D'autres victimes du franquisme comme Federico Garcia Lorca sont citées.

    Juan-José Tellez évoque ensuite les artistes ayant dû s'exiler à cause du franquisme. Ainsi la première vague d'exil aterrit au Portugal, au Maroc et en Algérie. Par exemple La Negra, mère de Lole Montoya, est née à Oran en Algérie. Plus tard nombre d'artistes s'exilent en Argentine comme Sabicas, Miguel de Molina, ou aux Etats-Unis comme Carmen Amaya qui ne reviendra en Espagne que pour tourner Los Tarantos.

    D'autres artistes restés sur place avaient des relations plus qu'étroites avec la dictature. La première épouse de Paco de Lucia était la fille du genéral Varela, qui contrôlait la ville de Cadiz. Caracol quant à lui supplia Franco de le laisser ouvrir son tablao à Madrid, Los Canasteros. Certains artistes comme El Lebrijano trouvèrent un prétexte pour ne pas se produire devant Franco contrairement à d'autres comme Antonio El Bailarin, Rocio Durçal ou Julio Iglesias.

    Grâce aux explications de Juan-José Tellez, on comprit enfin pourquoi le dernier tercio de la letra por tangos "Triana, Triana" avait deux versions, l'une avec "bandera republicana" et l'autre avec "bandera gitana", c'est car à l'époque on ne pouvait plus dire "republicana". Le cantaor José Menese, grâce au talent de Francisco Moreno Galvan qui lui écrivait des textes subtilement engagés arrivait lui à passer outre la censure, mais à partir des année 60-70, les artistes font fi de la censure et commencent à chanter des textes de Machado et Miguel Hernandez.

    Un exposé intéressant mais qui occulte certains aspects, par exemple le fait que Franco, bien que censurant le flamenco, s'en soit néanmoins servi à des fins touristiques, réduisant cet art à un état de carte postale.


    PROJECTIONS SUR LA FAÇADE DE LA MAISON CARREE

    Comme l'an dernier, des photos de flamenco étaient projetées sur l'emblématique Maison Carrée de Nîmes. On pouvait ainsi admirer les photos de Daniel Muñoz, photographe du site flamenco-world, mais aussi celles de René Robert et de deux photographes nîmoises, Karima M. et Fanny Ducros, et de Nicolas Pinchinot. Une belle façon de mettre en valeur les oeuvres des artistes, mais également cet exceptionnel patrimoine architectural. En effet la Maison Carrée est le seul temple antique entièrement conservé. Elle abrite désormais un musée.
    Lire aussi 
    Nos Interviews de quatre artistes présents
    au XIX° Festival Flamenco de Nîmes
  • Israel Galvan
  • José Valencia
  • Rocio Molina
  • Jesus Corbacho

    Notre compte-rendu du spectacle Mujeres
  • Mujeres - Paris

  • Voir aussi 

    La galerie photos de Paco Sanchez sur Universo Flamenco

    Les extraits videos sur le site culture de France 3

    Notre galerie du spectacle Mujeres
  • Mujeres - Jerez

  • Ecouter aussi 

    L'émission spéciale Nîmes sur Los Caminos Del Cante

    Le concert d'Alfredo Lagos et Alicia Gil sur France Musique
    (Ecouter aussi l'émission du 28/01 avec La Rubia, Antonio Rey et Diego Carrasco)

    L'émission spéciale sur les Galvan sur France Culture


    Remerciements aux organisateurs du XIXème Festival Flamenco de Nîmes, en particulier à Patrick Bellito, Houria Marguerite et Antoine Chosson. Merci au grand photographe de flamenco Paco Sanchez qui nous fait l'honneur de publier ses photos dans ce reportage. Merci aux sympathiques Joss et Isabelle Rodriguez avec qui nous avons passé d'agréables moments durant le festival.

    TEXTE PROTEGE NE POUVANT ETRE DIFFUSE NI EN INTEGRALITE NI EN PARTIE SANS DEMANDE D'AUTORISATION EFFECTUEE AU PREALABLE AU SITE WWW.FLAMENCO-CULTURE.COM.

    flamenco-culture.com - Murielle TIMSIT - Le 26/01/2009
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